jeudi 6 décembre 2007

THE END


Maintenant que nous avons finit de rédiger l'histoire, il ne nous reste plus qu'à la vivre...


Lettre à Rose



"Petite fille,


Au 3e jour de ta naissance, je t'ai longuement regardé dans ton berceau et mon amour était si grand que je ne pouvais le contenir. Mes pensées se sont bousculées, mes larmes ont coulées sans que je puisse les retenir. Tu étais si petite, si fragile, et si loin des fourberies de ce monde. Un jour pourtant, tu y serais confronté, et malgrè nos avertissements, notre soutien et notre amour, nous ne pourrons que t'apporter la force d'y faire face à ta manière. Je ne pourrais jamais vivre tes peines à ta place et pourtant, à cet instant, si tu savais comme j'aurais aimé pouvoir te le promettre. Te jurer qu'il ne t'arrivera jamais rien, ni souffrance, ni pleurs, ni tristesse.
La seule chose que je puisse commencer à t'apporter, ce sont ces quelques mots:
une petite lettre, écrite pour tous les moments de doutes, de craintes et de tristesse que tu auras à traverser. Une main sur la joue, une caresse pour essuyer tes larmes. Les parfaits petits conseils d'une maman imparfaite...
Quelles que soient les épreuves, quels que soient ceux que tu pourras perdre ou laisser en chemin, même quand plus rien ne sera drôle, même quand tout te semblera injuste et vile, même quand la colère t’emportera, pense toujours à ce que tu auras donné, car c’est tout ce que tu emporteras. Le reste ne fait que passer.
Donne, accueil, soi généreuse, ne tiens pas les comptes des échecs et des réussites d'autrui, car cela n'engendre que mesquineries, attentes et déceptions. Quand tu tomberas, relève toi, et avec calme et apaisement, va au bout de tes idées. Nul n’est nécessaire d’abattre ses ennemis pour parvenir à trouver sa place. Ta place existe déjà. Ton travail consistera juste à transformer le plomb en or. Face aux imbéciles, tente de réagir avec intelligence. Ne donne pas prise à la méchanceté. Face à la jalousie, fait preuve de compassion. Face à la beauté et à la réussite, partage avec sincérité ton admiration. Face à l’orgueil, offre l’humilité. Face à la haine, répand ton amour. N’attends rien des autres et sois comblée de ce qu’ils te donnent. Car si certaines choses ne signifient rien pour toi, elles pourront tout signifier pour quelqu'un d'autre. Tente de ne pas trop juger. Une expérience n’est jamais la même pour tout le monde. Tu auras le droit d’avoir peur, d’être en colère, d’être égoïste, mais demande toi toujours si la cause est juste. Dis toi aussi que ce qui est juste ne sera pas toujours équitable. La vie décide peut-être des épreuves, mais toi seule pourra décider d’agir de façon honorable.Tache d'être une belle personne ma petite fille. Une jolie vie ne se construit qu’avec les autres. Ni pour, ni contre, ni grâce, juste… avec; et parmis ces "autres" ton nom est déjà gravé, comme dans mon coeur. Je suis heureuse et fière de t'avoir mise au monde, et j'ai hâte de te voir écrire ton histoire, quelle qu'elle soit.

Ta maman qui t'aime."

mercredi 5 décembre 2007

Ta naissance

Me voila de retour 10 jours après ta naissance pour te conter ta venue au monde. Ce moment tant attendu que nous avons préparées durant 9 mois.

Pour reprendre là où j'ai du m'arrêtter, il est donc 17h30 le samedi 24 Novembre 2007 lorsque je rappelle la maternité comme convenu. Les 2 spasfon n'ont pas fait bcp d'effet sur les contractions bien qu'elles ne soient pas douloureuses, mais la sage femme insiste pour que nous passions rapidement vérifier l'état du col. Soit.

A 18h30
, nous arrivons au 3 étage de la maternité, ils me posent un monitoring, le col est toujours long et à 1. ils font néanmoins quelques examens.

C'est à 19h30 que je comprends que rien ne se déroulera comme je l'avais souhaité. Le Dr Harvey pousse la porte:"Bon ma bonne dame ! La poche des eaux est fissurée, donc non seulement on vous garde, mais en plus on vous déclenche, c'est comme ça". Les bras m'en tombent. D'abord, parce que j'avais prévu d'avaler un Chirashi Saumon chez Sakura, ensuite parce que la liste noire que je redoutais tant commençait à défiler dans ma tête.

21h: Je suis en salle de pré-travail sous monito, une sage femme me pose le fameux "propess" sensé libérer de la prostaglandine et provoquer les contractions qui feront murir mon col. Le compte à rebours à commencé.

22h: On m'installe dans ce qui sera ma chambre durant 5 jours. La 504, avec vue sur le jardin aux couleurs automnales. Heureusement, j'y suis seule. Ton papa revient avec les valises, tout va si vite pour finir...
Vers 1h du matin, il vaut mieux qu'il reparte se reposer à la maison. J'ai faim. Les contractions commencent à s'accelérer.

4h: J'ai beau respirer, souffler, être debout, assisse, couchée, sur un ballon: rien n'y fait. Toutes les 3 mns, une douleur me poignarde les entrailles, on me remonte au 3e en salle d'accouchement pour vérification, le col est toujours à 1.
-" Peut-être que dans 2h...?"
Et toi que ressens tu sous cette pression ma petite fille ? Sésame.... Je redescends dans ma chambre.

6h: Sésame, sésame, sésame... J'ai mal. Retour au 3e, cette fois-ci le col est ramoli, mais toujours à 1. Ils me balancent une dose d'Atarax en éspérant que cela me fera dormir. Je suis complètement shootée ce qui complique ma concentration, c'est encore pire. Quelle bande de c... J'essaye d'imaginer chaque contraction comme une vague qui me rapproche petite à petit de ton sourire.

7h30: quand la sage femme arrive au sortir de cette nuit blanche, je suis en train de serrer les dents et ravaler mes larmes accoudée à une table, mon visage doit ressembler au "cri" de Munch, je ne dis pas un mot. Je ne sais plus comment je me suis de nouveau retrouvée en salle de travail, toujours est-il qu'à 8h je suis enfin ouverte... à 2. C'est là que je comprends que je n'arriverais jamais jusqu'à 10 après ces 12h. Tant pis pour la péri, il me la faut: main-te-nant.

9h-12h30: L'anesthesiste arrive, et me pose la perf: 10 mns après, Dieu existe et coule dans ma moelle épinière. Je sens tout mais je n'ai plus mal, enfin. Durant ces 3h, Ton papa nous rejoint puis repars dejeuner, ma tension refuse de grimper, et on me perce la poche des eaux car elle ne veut pas céder. On ne nous aura rien épargné.
Quant à 12h30 on vérifie ton petit coeur, le Dr Toubia s'aperçoit que tu commences à fatiguer aussi. Plus question d'hésiter:"Cesarienne". J'appelle ton père qui jette son hamburger et son milk shake à la poubelle pour nous rejoindre en 4e vitesse. Le temps qu'il arrive, on m'a déjà préparée pour le bloc. Je tremble. De joie, de peur, d'émotion ? Je ne sais pas. Plus que quelques instants et je te verrais enfin.

13h37: Après qu'ils aient découper mes chaires, le moment tant attendu arrive: j'entends enfin ton premier cri. Le plus beau, le plus doux des cris, mes larmes coulent, on te porte près de mon visage. Je vois tes cheveux noirs, tes yeux perçants. Tu arrêttes de crier quand je te parle, c'est si incroyable. Je te souhaite la bienvenue dans la vie ma petite fille, je te dis que je t'aime déjà, depuis toujours...comme tu es belle. Rejoins vite ton papa qui t'attend de l'autre côté de la porte.
Les 45 mns qui suivent ne sont que souvenirs de joie et de fous rire avec les 2 sages femmes, le Dr Toubia (sur qui tu as fait pipi en sortant) et Feti Beurki, l'anesthesiste qui n'a jamais pu finir ses haricots-verts à cause de nous.
Pendant ce temps, dans une autre pièce, les soignants ont proposés à ton papa d'enlever son t-shirt et de te prendre en peau à peau le temps qu'on me remette sur pied. J'imagine que cette rencontre intime a du être extraordinaire pour vous deux et si rassurante pour toi. Vous etiez assis devant la fenêtre, l'un contre l'autre.
On me transfert enfin en salle de réanimation. Là, nous resterons 2h ensembles sous une couverture chaufante, avant de retrouver tes grand-mères. Tu seras lovée tout contre mon sein, ton papa auprès de nous. Un moment magique, inoubliable, et rarissime après une cesarienne. Un moment que l'on ne pouvait éspérer qu'aux Diaconesses. Tu es née le Dimache 25 Novembre à 13h37, mon ange, mon amour, ma fille...